Je ne traduis pas des mots, je traduis du sens, une intention.
Quand on exerce un métier, on le connaît tellement bien qu’on a tendance à penser que c’est le cas de tout le monde, surtout un métier comme traductrice. On ne s’en rend pas compte, mais ce n’est pas le cas, pas vraiment ou précisément.
Pour un grand nombre de personnes, traduire, c’est, de manière générale, passer d’un texte écrit dans une langue à un texte écrit dans une autre. Elles ont parfois l’impression qu’elles pourraient le faire elles-mêmes, surtout depuis que ce complexe outil qu’est l’intelligence artificielle semble limiter le processus à de simples clics dans un logiciel.
Je crois donc nécessaire de rappeler en quoi consiste le travail de traduction, quelles difficultés il comporte et quels processus il requiert.
Je ne traduis pas des mots. Je traduis le sens d’une phrase, d’un paragraphe ou d’un texte, son intention. Pour cela, je m’appuie sur un ensemble de facteurs :
- L’ensemble du texte et les autres textes du même auteur ou de la même entreprise auxquels il peut se rattacher ;
- L’auteur ou l’entreprise qui adresse le message, avec sa langue et sa culture ;
- Le ou les destinataires, avec leur langue et leur culture ;
- La discipline ou le domaine, avec ses concepts et sa terminologie (environnement, pédagogie, marketing) ;
- Le type ou le support du texte (site Web, document interne, document à diffusion externe, livre, diaporama) ;
- Tout autre facteur propre à la situation.
J’ai besoin de comprendre, d’analyser et de prendre des décisions. J’ai même parfois besoin de faire preuve de créativité quand il s’agit d’expressions idiomatiques à traduire, de néologismes (mots créés) dans la langue d’origine…
Prenons un exemple simple : Buy this puzzle. Plusieurs traductions sont possibles :
- Acheter ce puzzle. [Dans un site de vente en ligne, pour un bouton sur lequel l’internaute doit cliquer pour effectuer l’achat. Public européen.]
- Acheter ce casse-tête. [Dans un site de vente en ligne, pour un bouton sur lequel l’internaute doit cliquer pour effectuer l’achat. Public canadien.]
- Achète ce puzzle. [Invitation à l’achat dans un argumentaire, par exemple. L’impératif singulier ou pluriel est un choix de l’entreprise et dépend du public cible. D’autres pages ou documents peuvent attester ce choix. Le choix entre « puzzle » et « casse-tête » dépend du public, européen ou canadien.]
- Achète ce casse-tête. [Idem.]
- Achetez ce puzzle. [Idem.]
- Achetez ce casse-tête. [Idem.]
Dans ce cas simple, les destinataires comprendront une traduction qui n’est pas la plus adaptée, avec un petit effort. Cependant, mieux vous vous adressez aux personnes concernées et plus votre message aura d’impact ! D’où la nécessité de faire appel à une traductrice professionnelle !