« Je me suis permis » ou « je me suis permise » ?

Bonjour à tous !

J’aborde aujourd’hui une petite question d’accord, que j’entends et que je vois à l’écrit parfois.

Le verbe « se permettre » étant un verbe pronominal, on est tenté d’accorder le participe passé, notamment au féminin quand le sujet est féminin. Mais analysons ce verbe.

On dit « permettre quelque chose à quelqu’un ». Quand je dis « je me suis permis / permise quelque chose », je veux dire que j’ai permis quelque chose à moi-même. Le pronom « me » est donc un complément d’objet indirect, et non direct. Il n’y a donc pas d’accord.

C’est donc « je me suis permis de le tutoyer » qui est correct, et non « je me suis permise de le tutoyer ». « Je me suis permis des commentaires critiques », et non « je me suis permise des commentaires critiques ». « Je me suis permis une faveur », et non « je me suis permise une faveur ».

Par contre, si le complément d’objet direct, au féminin, se trouve avant, on accordera avec ce complément (c’est la règle de l’accord du participe passé avec le complément direct placé avant).

Ex. : « Les douceurs que je me suis permises n’ont pas plu… » « Les remarques critiques que je me suis permises l’ont blessé… »

On retrouve le même cas avec « je me suis promis », et avec quelques autres verbes transitifs et intransitifs employés pronominalement.

J’espère que cet article vous sera utile !

À bientôt !

Cet article a 9 commentaires

  1. Sandrine Guerrini

    Tu fais concurrence à la rubrique de RTL: le bonbon sur la langue !!!! 😝Bravooooo 🌼🐝

  2. blanchard françoise

    Bravo! je me bats avec mes petits enfants pour leur faire comprendre alors que nous ne commettons pas la faute dans la famille!
    Je leur fais même des dessins humoristiques mais ils ne retiennent que la syntaxe fautive, rien ne marche.
    Je sais c’est quoi!!

    1. Merci pour votre commentaire. Est-ce que vous pensez que mon article peut les aider à mieux comprendre? Il s’agit d’analyser la syntaxe de la phrase, en fait. Le pronom « me » n’est pas un complément d’objet direct.

  3. Marie Delachaux

    Merci beaucoup, Madame, j’entends souvent « je me suis permise », ce qui me choque toujours, mais j’ai fini par penser que le féminisme était passé par là. Il ne s’agit pas de cela, mais de la très belle grammaire française, structurante, précise et rigoureuse. Je me sens mieux !

    Mariel D

  4. Nancy

    Quand un verbe n’existe qu’à la forme pronominale (se souvenir, s’enfuir, etc.), le participe passé s’accorde avec le sujet. Par exemple : elle s’est souvenue de quelque chose.

    1. Bonjour. Oui, effectivement. Les verbes pronominaux proprement dits ou « essentiellement pronominaux » n’existent qu’à la forme pronominale et ont un participe passé qui s’accorde en genre et en nombre avec le sujet. C’est le cas de « se souvenir », « s’envoler », « s’évader » ou encore « s’exclamer ». (Le verbe « s’arroger » est une exception.) Le verbe « se promettre » n’est pas un verbe essentiellement pronominal. C’est le verbe « promettre » utilisé pronominalement. On doit donc analyser la fonction du pronom « me », « se », etc. pour l’accord.

  5. LORSOLD

    Explication très juste

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